Influenceurs : La Fin de l'Ère des Arnaques à la Française ?
L'Assemblée nationale a franchi une étape historique en votant, en première lecture et à l'unanimité, une proposition de loi visant à encadrer l'activité des influenceurs. Ce texte, fruit de mois de concertation entre diverses parties prenantes, marque un tournant potentiel dans la lutte contre les pratiques frauduleuses dans le secteur de l'influence.
Les Raisons d'une Régulation Attendue
Le monde de l'influence, qui compte environ 150 000 personnes en France, est devenu un levier marketing majeur pour les marques. Cependant, une minorité d'influenceurs a terni l'image du secteur par des pratiques trompeuses, donnant naissance au terme "influvoleur". Des enquêtes ont révélé que jusqu'à 60% des influenceurs promouvant des produits ou services ne respectaient pas la réglementation, entraînant des scandales et des pertes financières pour les consommateurs. Des cas comme celui de Nabilla Benattia-Vergara, sanctionnée pour promotion de services boursiers sans divulgation de rémunération, ou les plaintes collectives visant des influenceurs pour escroquerie, ont mis en lumière la nécessité d'une intervention législative.
Points Clés de la Nouvelle Loi
- Définition Juridique du Statut d'Influenceur : Le texte vise à clarifier le cadre légal, en responsabilisant les influenceurs et en imposant des contrats écrits entre influenceurs, agences et marques.
- Création d'une Brigade de l'Influence : Une équipe dédiée de 15 agents au sein de la Répression des Fraudes sera chargée de surveiller le secteur et d'appliquer de nouvelles sanctions, pouvant aller jusqu'à l'interdiction d'exercer.
- Encadrement Publicitaire Renforcé : Le marketing d'influence sera soumis aux mêmes règles que les médias traditionnels, avec un encadrement strict pour la promotion de produits sensibles (alcool, tabac, produits financiers, etc.) et l'obligation d'afficher des mentions légales.
- Interdiction de Promotion de la Chirurgie Esthétique et Encadrement des Cryptomonnaies : La promotion de la chirurgie esthétique sera totalement interdite. Pour les cryptomonnaies, seuls les prestataires agréés par l'AMF pourront recourir aux influenceurs.
- Obligation de Mentionner les Filtres : Les influenceurs devront signaler l'utilisation de filtres ou de retouches sur les contenus commerciaux afin de prévenir les effets psychologiques négatifs sur l'audience.
- Protection des Mineurs : Les influenceurs de moins de 16 ans devront obtenir un agrément, et 90% de leurs gains seront consignés jusqu'à leur majorité. Une sensibilisation aux risques d'arnaques sera également intégrée dans les programmes scolaires.
Réactions et Perspectives
Malgré l'unanimité du vote en première lecture, le texte suscite des réactions. Une tribune lancée par l'Union des Métiers de l'Influence et des Créateurs de Contenu (UMICC), signée par de nombreuses personnalités des réseaux sociaux, dénonce les dérives d'une minorité et appelle à protéger le modèle économique de l'influence. Le texte doit encore être examiné par le Sénat, mais il pose les bases d'une régulation attendue pour assainir le secteur et mieux protéger les consommateurs.